La cérémonie 2017 des Prix éthiques et des Casseroles
La liste des récipiendaires met traditionnellement à l’honneur journalistes, lanceurs l’alertes, citoyens engagés, élus ou artistes. Cette année, Anticor a fait la part belle aux jeunes en récompensant « Osons causer » et « Le Fil d’Actu ». L’association reconnaît ainsi l’importance des nouveaux médias dans la lutte contre la corruption, la fraude fiscale et le gaspillage de l’argent public.
La soirée était animée par la comédienne Audrey Vernon qui a conclu la soirée en espérant l’avènement « d’une démocratie idéale serait composée de citoyens qui s’évertueraient à mériter un prix éthique »
Prix éthiques
1/ Jacques Duplessy et Guillaume de Morant pour leur enquête sur la corruption endémique dans leur livre Le tour de France de la corruption (Grasset). Jacques Duplessy et Guillaume de Morant sont deux journalistes indépendants. Ils dressent un tableau édifiant de la corruption hexagonale ordinaire: conflits d’intérêts, népotisme, appels d’offres truqués, enveloppes de billets, train de vie luxueux aux frais du contribuable.
2/ Christian Chesnot et Georges Malbrunot pour leur travail sur la corruption de certains responsables politiques français et la publication du livre Nos très chers émirs (Michel Lafon). Christian Chesnot et Georges Malbrunot dénoncent dans ce livre-enquête les « dérives » de la relation entre le Qatar et des personnalités politiques de tous bords, dont Jean-Marie Le Guen qui a décidé de porter plainte pour diffamation.
3/ Le collectif Osons Causer, pour leur regard critique et pertinent sur l’actualité et la corruption sur leur chaîne Youtube « Osons Causer ». Ludovic Torbey, Stéphane Lambert et Xavier Cheung ont plus de 98 000 abonnés sur leur chaîne. « Osons Causer » est un vidéoblog qui cherche à construire et transmettre des outils de compréhension du monde. Ils travaillent en collaboration avec Médiapart.
4/ Tatiana Jarzabek-Ventôse pour le « Fil d’actu ». Le Fil de l’Actu diffuse, chaque semaine, un JT d’une dizaine de minutes. Chaque mardi, Tatiana Jarzabek enregistre un JT diffusé sur les réseaux sociaux et sur leur chaîne Youtube.
Le Fil d’Actu et Osons Causer ont édité un livre, #OnVautMieuxQueCa (Flammarion).
5/ Daniel Ibanez pour organiser, chaque année, le Salon des lanceurs d’alerte (Des Livres et l’Alerte) et pour son travail de lanceur d’alerte sur les dessous du tunnel Lyon-Turin. Son salon encourage est un espace de réflexion sur le lancement d’alerte et le rôle de ceux qui la déclenchent. Daniel Ibanez est également l‘auteur de Trafics en tous genres (tim buctu éditions) et Lyon-Turin les « Réseaux » qui déraillent (tim buctu éditions).
6/ Rémy Garnier est le lanceur d’alerte de l’affaire Cahuzac. Il reçoit un prix éthique pour son courage face aux obstacles dressés par sa hiérarchie dans ce dossier. Ancien inspecteur des impôts, il a révélé à sa hiérarchie, dès 2008, l’existence d’un compte appartenant à Jérôme Cahuzac (alors ministre délégué au Budget de la France de mai 2012 à mars 2013), en Suisse.
7/ François Ruffin pour son film « Merci patron ! » posant par l’humour la question de l’éthique des affaires. « Merci patron! » est un documentaire satirique. François Ruffin montre son parcours pour porter auprès de Bernard Arnault, la voix de la famille Klur dont le père et la mère ont été licenciés de l’entreprise Ecce, sous-traitant du groupe LVMH, à la suite d’une délocalisation de la production. Par ailleurs, François Ruffin est le fondateur et le rédacteur en chef du journal Fakir.
8/ Nicole Ferroni pour avoir notamment dénoncé la directive « Secret des affaires » et beaucoup d’autres dysfonctionnements démocratiques, avec humour et pertinence. Nicole Ferroni est une comédienne et humoriste. Depuis février 2013, elle tient une chronique hebdomadaire sur les ondes de France Inter, dans la matinale de Patrick Cohen. Le 14 avril 2016, jour du vote de la loi sur le secret des affaires au parlement européen, elle publie une vidéo contre le projet de loi. En moins de deux jours, la vidéo a été vue près de 7 millions de fois.
Nicole Ferroni n’ayant pas pu être présente, elle a faire parvenir la vidéo de remerciement suivante :
Casseroles
1/ Prix de l’acharnement à Sylvie Andrieux. Elle était député des Bouches-du-Rhônes, jusqu’à sa démission le 8 décembre 2016. Elle a siégé à l’Assemblée nationale avec un bracelet électronique afin de reculer l’échéance de sa démission, qui lui a finalement été imposée en novembre 2016, date du rejet de son pourvoi par la cour de cassation. Cette décision rend définitive la condamnation de l’élue à quatre ans de prison dont trois avec sursis, 100 000 euros d’amende et cinq ans d’inéligibilité pour « détournement de fonds publics ».
2/ Prix de la connivence à la Cour de Justice de la République (la remise ce cette casserole a été précédée par une allocution de François Colcombet, très critique à l’égard cette juridiction dont il a fait partie pendant cinq ans). La CJR a été créée, en 1993, pour juger les crimes ou délits commis par les membres du Gouvernement dans l’exercice de leurs fonctions. Christine Lagarde est la septième ministre à comparaître devant cette cour.