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Workshop sur le thème « Journalistes : quel rôle dans la lutte contre la corruption ? »

L’espace associatif des Grands Voisins, à Paris, a accueilli le workshop « Journalistes : quel rôle dans la lutte contre la corruption ? », le 16 juin 2017. Un rendez-vous rendu possible par l’ONG European Youth Press, réseau de jeunes journalistes européen et le magazine Cafébabel, dans la continuité de leur collaboration autour du projet Reporting Against Corruption.

L’événement a réuni plus d’une vingtaine de participants, principalement de jeunes journalistes, autour des organisateurs et des intervenants : Fabrice Rizzoli, représentant Anticor et président de l’association Crim’HALT et Alexandre Brutelle, journaliste indépendant venant présenter le projet Deputy Watch, première base de données en ligne sur les délits d’élus.

Cet échange a été l’occasion pour chacun, militants et journalistes, de partager le fruit de leur travail et de réfléchir à la nécessité d’établir un pont entre leurs activités.

ACRP : Reporting Against Corruption, une initiative européenne

Safouane Abdessalem est, tout d’abord, revenu sur sa participation au premier workshop du « Reporting Against Corruption Project », au titre de journaliste pour Cafébabel. C’est auprès de dix journalistes européens sélectionnés par European Youth Press qu’il avait participé à une semaine de formation intensive à Anvers, en mars dernier. Formation destinée à familiariser les participants à divers outils de la lutte contre la corruption.

Ces outils sont empruntés à différentes pratiques, parmi lesquelles le journalisme d’investigation, le data-journalisme ou encore l’activisme, comme autant de directions données aux jeunes participants pour constituer leur propre « boîte-à-outils » et l’utiliser à leur retour dans leurs pays respectifs.

Ces derniers devaient également se charger de l’organisation d’un workshop porté autour de la même thématique, qui a abouti à ce Workshop.

Identifier la corruption avec Fabrice Rizzoli

Suite à cette présentation, Fabrice Rizzoli s’est exprimé sur le thème du workshop en tant que représentant de l’association Anticor et président de Crim’HALT, à l’invitation des organisateurs. Il a présenté au public différents exemples de points de blocage institutionnels ralentissant la lutte contre la corruption : manque d’indépendance des procureurs vis-à-vis de l’exécutif, mise sous tutelle des Officiers de police judiciaire par leurs supérieurs hiérarchiques plutôt que par des magistrats enquêteurs, etc.

Parmi les points de blocage, le président de Crim’HALT, a mentionné l’existence du fameux « Verrou de Bercy » qui donne le dernier mot au Ministre de l’économie en matière de poursuites fiscales, alors que ce rôle est habituellement réservé au procureur de la République pour tout ce qui relève du pénal. Pour rappel, la suppression de ce verrou avait été rejetée de peu à l’Assemblée Nationale en juillet dernier.

Fabrice Rizzoli a aussi fait écho à la crise que traverse actuellement la presse en matière d’indépendance éditoriale, citant l’attaque du Figaro essuyée par Anticor en 2015, après la plainte déposée par l’association contre Serge Dassault, propriétaire du journal.

Enfin, il a également insisté sur l’usage social des biens confisqués comme unique moyen d’impliquer les citoyens contre la corruption, par exemple en reconvertissant des biens mal acquis et confisqués par l’état en lieux ouverts aux citoyens. C’est à ce titre que l’association Anticor a réclamé, sous forme de boutade, que la maison de Claude Guéant devienne son siège et celle de Patrick Balkany, celui de la maison des journalistes. Cette mesure est, par ailleurs, recommandée par la Commission Spéciale du parlement européen contre le Crime organisé [CRIM].

Deputy Watch : du data-journalisme militant

Alexandre Brutelle, président du média associatif Politics Watch, a ensuite partagé avec le public le site Deputy Watch, première base de données des délits d’élus, réalisée à la veille des élections législatives avec la participation de nombreux jeunes journalistes français.

L’objectif de ces derniers : offrir aux votants un moteur de recherche récapitulant le passé judiciaire des députés sortants se représentant aux élections. Un projet en réponse au flot rapide et continu de l’information, où les manques de probité de nos élus se noient régulièrement.

Il a, par la suite, fait état des projets à venir pour le site, comme la création d’une nouvelle plateforme agrégeant de nouveaux types d’élus parmi lesquels les sénateurs ou les députés européens. Un nouveau média indépendant est prévu, qui informera le grand public sur les méthodes que les citoyens peuvent emprunter au journalisme afin de s’organiser eux-mêmes contre la corruption.

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