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Affaire Kohler : Anticor dépose une plainte pour prise illégale d’intérêts et trafic d’influence

Anticor a déposé une plainte, devant le Parquet national financier, contre Alexis Kohler pour prise illégale d’intérêts et trafic d’influence. L’association reproche à l’actuel secrétaire général de l’Élysée d’avoir profité des différentes fonctions qu’il a occupées pour favoriser les intérêts d’une société appartenant à sa famille.

Anticor a saisi, le 1er juin 2018, le parquet national financier des révélations faites par Mediapart sur Alexis Kohler.

En effet, en 2010, M. Kohler a été nommé membre du conseil d’administration de la société française Les Chantiers de l’Atlantique / STX France alors que sa famille était propriétaire de la société suisse Mediterranean Shipping Company, deuxième armateur mondial avec 28 milliards de dollars de chiffres d’affaire, en 2015, 6 milliards de dollars de bénéfices en 2014, et principal client des Chantiers de l’Atlantique.

Soupçons de prise illégale d’intérêts

M. Kohler a ensuite été successivement directeur de cabinet adjoint du Ministre des Finances, directeur de cabinet du Ministre des Finances, secrétaire général de la campagne d’Emmanuel Macron puis secrétaire général de la Présidence de la République.

À chaque étape, les éléments révélés par la presse permettent de penser qu’il a profité de ces postes pour défendre les intérêts de sa société familiale, Mediterranean Shipping Company.

Ils pourraient alors être qualifiés de prise illégale d’intérêts, au sens de l’article L432-12 du Code pénal.

Soupçons de trafic d’influence

Entre octobre 2016 et mars 2017, il est devenu directeur financier de cette multinationale suisse appartenant à sa famille. Il l’a ainsi représenté, à Bercy, dans le dossier du rachat des chantiers de l’atlantique (intervenant ainsi du côté opposé à celui qu’il défendait six mois plus tôt).

Malgré son intervention, c’était tout de même la société italienne Fincantieri qui était choisie pour reprendre les chantiers de l’atlantique.

Mais sitôt, la campagne présidentielle terminée, M. Kohler étant alors secrétaire général de la Présidence de la République, l’accord passé avec la société italienne était remis en cause, semble-t-il d’après ses dirigeants à l’initiative de la propre société de la famille de M. Kohler.

Neuf mois plus tard, en février 2018, un autre accord a finalement été signé avec la société italienne Fincantieri, avec des conditions supplémentaires aujourd’hui inconnues.

Là encore, les éléments présentés par la presse pourraient relever du trafic d’influence au sens de l’article L432-15 du Code pénal.

Pour toutes ces raisons, et dans le cadre de son agrément, Anticor a souhaité porter plainte en amenant ces faits à la connaissance du Parquet National Financier.

Au-delà du problème du mélange des genres au plus haut sommet de l’État, cette affaire soulève, une nouvelle fois, la question des allers-retours entre le public et le privé, aujourd’hui peu, voire pas du tout, contrôlés.

Mise à jour le 4 juin 2018 :

Le parquet national financier annonce l’ouverture d’une enquête afin de « vérifier si les règles relatives à la mise en disponibilité des agents publics ont bien été respectées ».

Mise à jour le 22 août 2019 :

Le PNF a fait connaître qu’il classait l’affaire sans suite. Anticor se constituera partie civile afin qu’un juge d’instruction indépendant soit saisi du dossier.


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