Implantation d’un centre de recherche Total sur le campus Polytechnique : Anticor, Greenpeace et La Sphinx portent plainte pour prise illégale d’intérêts.
Le 22 avril 2021, Anticor, Greenpeace France et l’association d’anciens élèves de l’École Polytechnique la Sphinx, ont déposé plainte contre M. Patrick Pouyanné, PDG de Total, et contre X, pour prise illégale d’intérêts au Parquet de Paris.
Le PDG de Total aurait profité de sa fonction de membre du conseil d’administration de l’École Polytechnique en intervenant dans le processus décisionnel ayant abouti à l’accord pour l’implantation d’un centre de recherche et d’innovation du géant du pétrole.
Ce centre de recherche a pour but d’accueillir plusieurs centaines d’employés de l’entreprise Total sur le campus de l’Ecole Polytechnique.
Or depuis plus d’un an, professeurs, étudiants et associations se sont mobilisés contre ce projet, dénonçant une tentative d’intrusion du pétrolier et alertant les administrateurs des différents risques juridiques entourant le processus d’implantation d’une telle structure.
En effet, trois mois après l’annonce d’un premier accord de principe par le Conseil d’administration de Polytechnique, Patrick Pouyanné a été nommé administrateur de l’établissement, alors même que les éléments du projet de partenariat étaient en cours de définition.
Durant son mandat et tout au long de la période d’instruction du projet, dont l’accord final a été rendu le 25 juin 2020, Patrick Pouyanné s’est exprimé en faveur du projet. Mais aucune procédure parmi celles pouvant être prévues dans les établissements publics en cas de risques de conflits d’intérêts n’a été mise en place concernant les délibérations relatives au projet du centre.
Ces faits sont susceptibles d’être qualifiés de prise illégale d’intérêts. C’est pourquoi Anticor, La Sphinx et Greenpeace France ont décidé de porter plainte dans cette affaire.
Derrière cet enjeu d’éthique publique, c’est la neutralité de l’enseignement public supérieur qui est en jeu. Les personnes chargées d’une mission de service public doivent avoir conscience de ce que cela implique. Ils doivent protéger ce service public d’interférences du privé, or on constate dans ce dossier une volonté de capture par le privé de la formation des décideurs publics.