Cérémonie 2022 des Prix éthiques et des Casseroles Anticor
Le samedi 22 janvier 2022, Anticor a tenu sa Cérémonie annuelle de remise de prix éthiques et de casseroles.
La Cérémonie était animée par Nicolas Lambert, auteur, metteur en scène, prix éthique 2020, et Sylvie Gravagna, autrice et metteure en scène.
© Thierry Borredon
La présidente a ouvert la cérémonie en rappelant que « la lutte anticorruption est un combat difficile est qu’il est important de mettre en valeur ceux qui ont le courage de dénoncer les abus de pouvoir ou de promouvoir l’éthique. Ils sont journalistes, chercheurs, élus, artistes, lanceurs d’alerte et par leurs paroles et leurs actes, ils se battent pour faire entendre une autre voix.
Les journalistes sont les garde-fous de notre démocratie. Leur travail doit être valorisé et protégé, lorsqu’ils dénoncent ce que tout le monde tait. Les lanceurs d’alerte, héros fragiles de notre société, nous protègent en alertant sur ses dysfonctionnements. Ils doivent être protégés car leurs alertes sont d’intérêt général.
La cérémonie annuelle d’Anticor a vocation à reconnaître le mérite de ces personnes qui sont des phares dans une démocratie défaillante, des exemples à suivre pour tous ceux qui veulent contribuer à la lutte anticorruption. »
© Thierry Borredon
Le 1er prix éthique est décerné au Consortium International des journalistes d’investigation pour avoir révélé l’ampleur de la richesse confisquée des nations et les puissants qui en jouissent.
Extrait du discours de Kahina SAADI, responsable du groupe local de Paris : « Sans le travail essentiel de ce collectif de journalistes, nous citoyen.nes n’aurions pas accès aux informations nécessaires à l’exercice démocratique et ne pourrions connaître l’ampleur de la délinquance économique et financière, l’ampleur de l’impunité des délinquants en cols blancs ni l’ampleur de l’absence de volonté politique de mettre fin à ce pillage, à cette spoliation des richesses communes ».
© Thierry Borredon
Le 2ème prix éthique est décerné à Noël Pons, pour son livre « La corruption, comment ça marche ? » aux éditions du Seuil, qui dévoile les comportements délictueux des « premiers de cordée » et les circuits de la criminalité financière organisée.
Extrait du discours d’Alexandre CALVEZ, administrateur,« Noël Pons offre par cet ouvrage une plongée dans la mécanique de la fraude. Sont décortiqués les enjeux qui entourent les paradis fiscaux, les montages offshore, le rôle joué par les plus grands cabinets de conseil. Tout y passe. Noël Pons veille à n’occulter aucun sujet, y compris les plus contemporains : cybercriminalité, crypto-monnaies ou encore, tout récemment, aides publiques versées dans le cadre de la crise sanitaire. Contrôleurs du fisc, agents de police chargé de répression du grand banditisme et de la délinquance en col blanc, magistrats spécialisés, militants associatifs anti-corruption, chercheurs, cet ouvrage est à mettre entre toutes les mains. Et en particulier celles de nos plus hautes autorités politiques. »
© Thierry Borredon
La 1ère pantoufle est décernée à Brune Poirson, pour avoir abandonné son poste de députée avant la fin de son mandat pour un poste plus confortable chez Accor, sans démissionner. La combine est simple. Lorsqu’un député se voit confier par le Gouvernement une mission temporaire de plus de six mois, c’est le suppléant qui le remplace (sans élection partielle). Or, un décret du 5 octobre 2021 indique que « Mme Brune Poirson, députée, est […] chargée d’une mission temporaire ayant pour objet l’éducation au développement durable. ». Surtout, un décret du 2 avril 2021 indique que « la mission confiée à Mme Brune Poirson, députée, par le décret du 5 octobre 2020 susvisé est prolongée jusqu’au 5 juin 2021. » La mission temporaire dépassant le délai de six mois, le suppléant chanceux a automatiquement pris la place de la titulaire, à compter du 5 avril 2021.
Extrait du discours de Carole ROUAUD, ancienne administratrice : « cette grande passionaria de l’Etat, de la nature, l’est par… intermittence. Son CV en mille feuilles contient aussi en effet un net intérêt cyclique pour les affaires privées, industrielles, polluantes voire toxiques, et bien sûr fortement rémunératrices. A son crédit (ou son débit), on ajoute qu’outre l’autorisation accordée à Total d’utiliser de l’huile de palme pour produire des biocarburants quand elle était secrétaire d’Etat, notre élue du jour, a milité pour le maintien des glyphosates. »
© Thierry Borredon
Le 3ème prix éthique est décerné à Valérie Murat, lanceuse d’alerte, pour son courage d’avoir signalé la présence de pesticides dans des vins HVE, et qui a été condamnée par le tribunal de commerce à payer 125000€.
Extrait du discours d’Isabelle FILATOV, responsable du groupe local : « Elle a fondé l’association Alerte aux Toxiques, qui est co-titulaire du prix, et qui est représentée ici par son Président, Pascal Démolisse. L’association recueille des données qui permettent aux habitants et aux agriculteurs du Bordelais et d’ailleurs, de mieux connaître les risques des pesticides et leur prévalence. Elle a publié par exemple une carte des écoles enclavées dans le vignoble, relayant ainsi l’action d’un élu courageux qui avait signalé à l’ARS de trop nombreux cas de cancers pédiatriques parmi les élèves de sa commune. C’est donc pour saluer son action pour l’éthique et pour l’intérêt général qu’Anticor lui délivre ce prix aujourd’hui. »
© Thierry Borredon
Le 4ème prix éthique est remis à Secrets d’info, émission du service public, qui révèle les secrets que les malfaiteurs, corrompus, despotes petits et grands, voudraient voir enterrer.
Extrait du discours de Didier Melmoux, responsable des groupes locaux d’Anticor : « On lui doit notamment des dossiers tels que Balkany, 30 ans d’affaires, Pandora Papers, Le gard, terrain propice aux affaires, Le Barcarès, 30 ans d’affaires… Secret d’info met la lumière sur des journalistes locaux et des lanceurs d’alerte. Et vous n’avez pas idée de ce que peut ressentir un lanceur d’alerte quand « son dossier » à droit à 15 minutes sur votre émission. »
© Thierry Borredon
La 2nde pantoufle est décernée à Natacha Valla, directrice adjointe de la BCE qui a rejoint LVMH en juin 2020. La même année, LVMH a acheté Tiffany, dans des conditions financières très favorables, grâce à l’appui de la BCE.
Ce prix a été décerné par le comédien Jean-Robert Lombard.
© Thierry Borredon
Le 5ème prix éthique est remis à Amar Benmohamed, policier lanceur d’alerte sanctionné disciplinairement pour avoir eu le courage de dénoncer les mauvais traitements et le racisme de certains policiers au dépôt du tribunal de Paris.
Extrait du discours de Laurent Dublet, responsable des groupes locaux d’Anticor : « Je vous partage un article de la Convention européenne des Droits de l’homme, qui est repris également dans la charte des droits fondamentaux de l’Union-Européenne, l’article 4 : « Nul ne peut être soumis à la torture, ni à des peines ou traitements inhumains ou dégradants. » C’est pour avoir dénoncé des traitements inhumains, des traitements dégradants, infligés à des personnes qui étaient détenues au Palais de justice de Paris que ce policier a rencontré de très graves problèmes avec sa hiérarchie. »
© Thierry Borredon
Le 6ème prix éthique est décerné à L’observatoire des multinationales, pour son rapport sur une présidence de l’UE sous influence, révélant l’alignement du gouvernement français sur les intérêts des grandes entreprises.
Extrait du discours de Farah Zaoui, directrice juridique d’Anticor : « Il demeure possible d’agir contre l’emprise des grandes entreprises sur le bien commun. C’est ce que propose l’observatoire des multinationales qui a défini 5 recommandations afin de passer à l’action et envoyer un message clair à Emmanuel Macron pour dire non aux sponsors douteux. Les citoyens sont donc invités à se saisir de ces recommandations dans une démarche visant à plus de transparence et d’éthique dans la vie publique. Ce message de grande importante a été reçu chez Anticor et c’est la raison pour laquelle nous avons décidé de décerner un prix éthique à l’observatoire pour son travail salutaire et d’intérêt général. »
© Thierry Borredon
L’unique casserole est remise à Mathias Vicherat, pour ses conseils décomplexés encourageant le pantouflage et les portes tournantes devant les anciens élèves de Sciences-po.
Extrait du discours de Maître Jérôme Karsenti, avocat d’Anticor : « Dans la bouche de Mathias VICHERAT, lorsque l’on parle d’ « intérêt » professionnel, il faut entendre celui des intérêts financiers produits par les revenus déposés en banque, au mieux de son intérêt personnel, sa carrière, mais il n’est nulle question de l’intérêt général, de l’intérêt de tous, de se dévouer à l’engagement collectif.
Si on imaginait (pardon pour tant d’audace) que c’est cette vision de l’intérêt général qui soit coupable de nos drames humains ? Coupable de faire trembler la terre, rugir les ouragans, les tsunamis, mugir les guerres, craquer les terres sèches comme des peaux mortes, déplacer les populations à la recherche d’ombre et de blé transformant nos territoires en forteresses assiégées, barricadées derrière murs et barbelés avec en fond sonore les refrains de Mauras et Marcel Déat resucées par un chroniqueur télé vulgaire et rance qui est au tribun ce que le chardon est à la fleur….je continue… « i have a dream ». »
© Thierry Borredon
Le 7ème prix éthique est décerné à Julian Assange, combattant de la liberté, absent car incarcéré. #FreeAssangeNOW
Extrait du discours d’Éric Alt, vice-président d’Anticor : « Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks est un combattant de la liberté. Il s’est battu pour nous, pour notre droit de savoir. Il s’est battu contre la raison d’État. Il s’est battu pour mettre en place un système de renseignement au service de la vérité et des citoyens. Il a fait tomber des mises en scène dans lesquelles des pouvoirs s’autorisent la transgression des lois et le refus des règles communes. Il a exposé le pouvoir a la lumière du soleil. Il paie aujourd’hui prix de son courage. Contraint de se réfugier à l’ambassade de l’Équateur à Londres en juin 2012, il y reste 6 ans et 9 mois sans voir la lumière du jour. Il est depuis dans une prison de haute sécurité, prisonnier politique dans un pays qui se dit respectueux des droits fondamentaux. Le rapporteur aux droits de l’homme de l’ONU a pourtant constaté qu’il était détenu dans des conditions d’oppression, d’isolement et de surveillance non justifiées. Celui qui dénonce un crime ne peut être traité comme celui qui commet un crime. Sauf quand le pouvoir est criminel. »
© Thierry Borredon
Merci aux animateurs, Nicolas Lambert et Sylvie Gravagna, à l’équipe technique et aux autres bénévoles qui permettent à l’association de tenir cette cérémonie chaque année !
Le replay de la Cérémonie 2022 est disponible sur Facebook et sera prochainement disponible sur Youtube.