Affaire dite « du frigo » d’Hubert Falco : le procès s’est ouvert à Marseille
Après un ultime report, le procès de M. Hubert Falco se tient jusqu’au 14 avril à la « Caserne du Muy » à Marseille, une friche militaire mise à disposition de la Justice. Anticor, qui s’est constituée partie civile dans cette affaire en janvier 2022, est représentée tout au long du procès par Maître Pothet et par M. Clarence Bathia, juriste à Anticor.
Hubert FALCO, maire de Toulon depuis 2001 et ancien président du conseil départemental du Var (1994-2002) est soupçonné d’avoir bénéficié d’avantages indus de la part du département du Var, après la fin de son mandat. Dans ce procès dit « du frigo », M. FALCO est soupçonné d’avoir bénéficié de repas pris en charge par cette collectivité pendant 16 ans, de 2002 à 2018, alors qu’il n’avait plus aucune fonction au sein du conseil départemental. Le seul coût de ces repas, dont certains étaient confectionnés par un cuisinier affecté à son service exclusif et stockés dans un frigo personnel situé dans les cuisines du département, est évalué par la Police Judiciaire de Marseille, à près de 300.000 euros, soit 1.600 euros par mois à la charge du contribuable.
Marc GIRAUD, président du conseil départemental du Var de 2015 à 2022, est lui soupçonné d’avoir laissé perdurer ces agissements en connaissance de cause.
Laurent DEFRAIZE, le cuisinier d’Hubert Falco, lanceur d’alerte, avait dénoncé cette situation dès 2016. Il a été menacé, harcelé, placardisé et retrouvé mort, pendu à son domicile, en 2020. Ce procès arrive trois ans après son suicide. Une enquête sur les circonstances de sa mort est en cours.
« L’affaire Falco est caractéristique de pratiques et manières d’un autre temps ; d’un élu local qui s’accapare et consomme gratuitement et sans doute illicitement de nourritures payées par le contribuable. Si cette affaire sur certains éléments peut prêter à sourire, ou à la dérision (une partie d’un frigo du conseil départemental était réservée uniquement à la nourriture de M. Falco), il met en lumière les effets néfastes des atteintes à la probité : harcèlement sur une responsable syndicale, suicide d’un lanceur d’alerte, complicité présumée du président du conseil départemental qui a laissé perdurer les agissements de M. Falco. Plus que la condamnation des deux prévenus, nous attendons la condamnation d’un système. » Clarence Bathia, juriste d’Anticor
Dans ce dossier, ce qui choque en particulier c’est l’omerta qui a pu régner pendant des années afin de protéger un homme politique puissant dans un contexte où ses abus étaient connus de nombreuses personnes. Ce qui choque encore plus et ce qui doit alerter tous les citoyens est la violence intolérable qui a été déployée contre le lanceur d’alerte qui a eu le courage de briser cette omerta. C’est par soutien à tous ceux qui décident de dénoncer des faits de corruption, partout en France, qu’Anticor a décidé de se constituer partie civile dans ce procès de détournement de biens publics présumé.
Par cette intervention, l’association entend faire passer un message sans ambiguïté : à chaque fois qu’un lanceur d’alerte sera menacé, subira des représailles ou des violences, Anticor reprendra son alerte afin que jamais le sacrifice d’une personne qui a défendu l’intérêt général ne reste vain.
L’histoire des lanceurs d’alerte doit être racontée. C’est la raison pour laquelle Anticor a demandé à un artiste de croquer ce procès et faire en sorte que l’histoire de Laurent DEFRAIZE ne soit jamais oubliée. Il y a un an, une loi de transposition d’une directive européenne de protection des lanceurs d’alerte est entrée en vigueur en France. Toutes les personnes témoins de dysfonctionnements peuvent contacter Anticor afin d’être protégées.