Election pour la Présidence du Comité national olympique et sportif français : l’éthique écartée du débat
Ce jeudi 29 juin s’est tenue l’élection à la Présidence du CNOSF. Les électeurs se sont prononcés sur l’avenir de la plus importante des fédérations, à un an des Jeux Olympiques et Paralympiques en France. L’une des candidatures soulèvait de nombreuses questions en matière d’éthique.
Or, les sujets éthiques ont été éludés lors de l’élection, cela expose le CNOSF à de futures turbulences dont il n’a absolument pas besoin à un an des JOP 2024. Les scandales, se sont multipliés ces derniers mois (FFF, FFR, pour ne citer que la partie émergée de l’iceberg). Le corps électoral du CNOSF aurait du, dans le cadre de ce scrutin, prendre la mesure de la dégradation de l’image des fédérations et de leurs dirigeants. Les électeurs étaient légitimes à exiger le plus haut niveau d’éthique au sein du CNOSF. Pourtant, le candidat élu pose problème.
D’abord, David Lappartient exerce le mandat de Président du Conseil département du Morbihan, ainsi que de nombreux autres mandats locaux (conseiller communautaire, conseiller municipal, président d’un parc naturel…). Il va de soi que chacune des trois principales fonctions qu’occupe David Lappartient constitue, prise individuellement, un engagement à plein temps. David Lappartient assure pouvoir assumer l’ensemble de ces missions sans difficulté. Est-ce crédible ? Le doute est permis. Lorsque le législateur a décidé, en 2014, de restreindre les possibilités de cumul des mandats, il n’avait sans doute pas imaginé que la volonté de cumul puisse s’étendre au point de vouloir ajouter le mandat de Président du CNOSF.
Ensuite et c’est le point le plus important : le journal Le Monde a révélé il y a quelques semaines les relations étroites entretenues par David Lappartient avec un oligarque russe, Igor Makarov, ayant fait fortune dans l’industrie du gaz. Cette proximité a-t-elle pu influencer certaines décisions prises par David Lappartient, alors Président de l’Union cycliste international ? Faut-il voir un lien entre la décision d’attribution des mondiaux de cyclisme sur piste 2021 à Achgabat, ville de naissance d’Igor Makarov, avec le sponsoring conséquent que ce dernier octroie à l’UCI de longue date?David Lappartient devait s’exprimer sur ce dossier et apporter des réponses, qu’on attend encore.
Anticor demande à ce que les avis rendus, conformément aux statuts et au règlement intérieur du CNOSF, par le Comité déontologique du CNOSF sur chacune des candidatures soient rendus publics. Cette transparence devrait être un bouclier permettant au CNOSF de se prémunir du risque de futurs scandales qu’un minimum d’anticipation aurait permis d’éviter.