La ministre de la justice demande une enquête administrative sur le vice président d’Anticor
Éric Alt, vice-président d’Anticor et magistrat sera entendu dans le cadre d’une enquête administrative par l’Inspection générale des services judiciaires, à la demande de la ministre de la Justice.
Il lui est reproché un entretien tenu à France 3 Corse, Via stella le 16 février 2019. Il était interrogé sur les propos tenus par la préfète de Corse du Sud sur une plainte déposée par Anticor, concernant la fraude aux primes agricoles en Corse. En effet, celle-ci avait dénigré l’association et fait part de sa « consternation », suggérant qu’Anticor ignorait l’existence d’un parquet à Ajaccio. M. Alt, interrogé par la presse télévisée avait dénoncé « l’arrogance désinvolte » de la préfète face à la plainte déposée, aux préoccupations sur le respect de l’état de droit dans l’Ile et aux initiatives courageuses de citoyens, relayées par l’association. Il avait aussi regretté que le procureur se soit affiché aux cotés de la préfète dans une affaire susceptible d’impliquer les services de l’État.
Il est également reproché à M. Alt la confirmation laconique, devant les juges d’instruction de Paris, de la plainte de l’association dans l’affaire Ferrand, sans aucune audition au fond. M. Alt est, au tribunal de Paris, exclusivement en charge de la départition prud’homale et ne connaît pas, dans l’exercice de ses fonctions, d’affaire de corruption.
Anticor considère que les magistrats participent à la vie de la cité. Ils ont, comme tous les citoyens, la liberté de s’exprimer et d’adhérer à une association. C’est une condition essentielle pour que l’institution judiciaire joue pleinement son rôle en démocratie, notamment parce que ceux qui rendent la justice doivent aussi pouvoir alerter sur les dysfonctionnements qu’ils constatent. L’obligation de réserve ne saurait réduire le magistrat au silence ou au conformisme.
L’association regrette l’initiative de la ministre de la Justice, qui n’est pas cohérente avec la volonté officiellement proclamée de faire de la lutte contre la corruption et la fraude une priorité. Elle exprime son entière solidarité à M. Alt.