Affaire des fonctionnaires sans affectation dans le Var : Anticor 83 saisit le procureur de la République
Suite au rapport de la Chambre régionale des comptes révélant l’existence de fonctionnaires sans affectation dans le Var, Anticor 83 a saisi le procureur de la République.
Suite au rapport de la Chambre régionale des comptes sur le centre de gestion de la fonction publique du Var (CDG 83), rendu public le 21 juin 2019, Anticor 83 a saisi le Procureur de la République de Toulon, le 5 juillet 2019.
Ce document révèle que 21 agents sans affectation sont rattachés au CDG 83 depuis 23 ans. Un cas a plus particulièrement attiré l’attention d’Anticor :
« Au-delà, il peut exister des stratégies individuelles de certains agents qui ne recherchent pas réellement d’emploi et se satisfont de cette situation, qui dure depuis plus de 25 ans pour certains d’entre eux, dans laquelle ils perçoivent leur rémunération indiciaire sans occuper aucun emploi. […]
Y est un ancien joueur de rugby. Initialement adjoint administratif à la ville de Toulon, il est rattaché au centre de gestion du Var depuis le 1er avril 1990. Après avoir constaté qu’il était également gérant d’une société commerciale dans les Hautes-Alpes, le centre de gestion a, par courrier adressé en LRAR le 6 mars 2017, invité M. Y à « régulariser immédiatement sa situation par une demande de mise en disponibilité », ce qu’il a fait par courrier en date du 1er avril 2017, en sollicitant à compter de cette date « une disponibilité de la fonction publique territoriale pour convenance personnelle ».
Après avis de la commission administrative paritaire en date du 19 octobre 2017, le président du centre de gestion a pris un arrêté le 6 novembre 2017 qui dispose qu’ »à compter du 1er avril 2017, M. Y est placé en disponibilité pour convenances personnelles pour une durée d’un an. Pendant cette période, M. Y ne perçoit aucune rémunération et cesse de bénéficier de ses droits à l’avancement et à la retraite. M. Y devra solliciter sa réintégration ou la prolongation de la disponibilité trois mois au moins avant l’expiration de la période de disponibilité en cours. Faute de quoi, M. Y pourra être radié des cadres et perdre sa qualité de fonctionnaire ».
Or, le BODACC des 18 et 19 avril 2009 mentionne la création dans les Hautes-Alpes d’une Sarl, avec pour gérant M. Y.
Il convient de rappeler que, selon l’article 25 septies de la loi n° 83-634 du 13 juillet 1984 portant droits et obligations des fonctionnaires, « Il est interdit au fonctionnaire : De créer ou de reprendre une entreprise lorsque celle-ci donne lieu à immatriculation au registre du commerce et des sociétés ou au répertoire des métiers (…), s’il occupe un emploi à temps complet et qu’il exerce ses fonctions à temps plein ».
Cet adjoint administratif a ainsi bénéficié de son salaire pendant huit ans (de 2009 à 2017) alors qu’il exerçait par ailleurs une activité commerciale sans aucune autorisation de sa hiérarchie.
Le centre de gestion a mis plusieurs années avant de mettre fin à cette situation irrégulière. En tout état de cause, la mise en disponibilité de M. Y devra être obligatoirement prolongée par le centre de gestion (elle a été uniquement fixée à un an par l’arrêté du 6 novembre 2017 pris par le centre de gestion) si l’intéressé n’entend pas démissionner de la fonction publique territoriale pour exercer son activité commerciale. »
Ce rapport fait ainsi apparaître que :
1/ Le CDG 83 n’a jamais demandé le remboursement des sommes indûment versées à l’agent fautif (estimées à 130 000 euros), ce qui semble contraire à l’article 25 septies de la loi n° 83-634 du 13 juillet 1984 portant droits et obligations des fonctionnaires.
2/ Le CDG 83 semble ne vous avoir jamais signalé ces faits susceptibles d’être qualifiés sur le plan pénal (en méconnaissance de l’article 40 du code de procédure pénale).
3/ Dans son rapport, la Chambre régionale des comptes n’indique pas avoir contrôlé la situation des autres agents sans affectation.
C’est pourquoi Anticor a jugé bon d’informer le parquet de ces faits.